Une affaire de principe, d’Antoine Raimbault

UNE AFFAIRE DE PRINCIPE

Antoine Raimbault, le réalisateur d’Une affaire de principe, a longtemps travaillé comme monteur avant de se tourner vers l’écriture de scénario.

Son second long métrage nous plonge au cœur de l’affaire Dalli, ce commissaire européen en charge de la santé et de la protection des consommateurs, qui fut brutalement débarqué de son poste par le président de la Commission européenne, pour soupçon de corruption avec un industriel du tabac.

A l’annonce de sa démission, l’eurodéputé vert José Bové, l’un de ses opposants politiques, a la forte intuition que quelque chose d’anormal se trame.

Pour resituer si besoin est, José Bové, est l’une des figures du mouvement altermondialiste. Il est l’un des fondateurs de la Confédération paysanne, un syndicat paysan qui s’oppose à l’agriculture productiviste et à l’industrie agroalimentaire. Il a siégé au parlement européen de 2009 à 2019 pour Europe Écologie.

A l’époque des faits, si le commissaire John Dalli est en croisade contre le tabac, cela n’est pas le sujet de prédilection de José Bové, qui si vous le connaissez, se présente toujours la pipe à la bouche.

Pour autant, c’est parce qu’il a à cœur le respect des règles de droit que José Bové va organiser la défense de John Dalli en faisant alliance avec des groupes politiques d’autres bords pour tenter de faire bouger les lignes et rétablir la vérité.

Le livre Hold-up à Bruxelles, les lobbies au cœur de l’Europe sorti en 2015 que José Bové a co écrit avec le journaliste Gilles Luneau raconte cet épisode.

Antoine Raimbault a donc construit son film autour de faits réels. Il a souhaité nous montrer le fonctionnement du parlement européen, qu‘il a lui-même découvert au décours de ces recherches cinématographiques. Il l’a transformé dans son genre de prédilection, sous la forme d’un thriller de bureau où il nous tient en haleine à coup de conférences de presse, de confessions recueillies sur un smartphone ou d’un mail capital déversé par une imprimante.

Bouli Lanners incarne José Bové. Ses assistants parlementaires sont Thomas VDB en personnage un peu neurasthénique et Céleste Brunnquell la jeune actrice d’En thérapie et de La fille de son père.

Les personnages de génération différente interrogent chacun à leur façon l’idée d’engagement et de croyance dans le politique. Ils illustrent la recherche d’équilibre entre pouvoir et contre pouvoir pour éviter l’abus de pouvoir.

Antoine Raimbault a voulu placer un peu d’ironie au milieu de ce très sérieux sujet et a utilisé, vous le verrez, la musique de Grégoire Auger pour donner une tonalité plus légère.

Doris Orlut