Archives mensuelles : novembre 2021

J’ai aimé vivre là, de Régis Sauder

J’ai aimé vivre là, de Régis Sauder

Régis Sauder a un parcours peu banal pour un réalisateur puisqu’il a fait des études de neurosciences. Il s’est d’abord orienté vers le journalisme scientifique et de là est passé à la réalisation de documentaires. Il a tourné de nombreux documentaires pour la tv, et 3 longs métrages avant celui que nous allons voir: Nous, princesse de Clèves en 2011, sur la réception de l’œuvre de Mme de Lafayette dans un lycée de quartier défavorisé, Etre là, en 2012, sur la prison des Baumettes. Et le plus connu en 2017 : Retour à Forbach. R Sauder est en effet originaire de cette cité minière où il est retourné, après 30 ans d’absence, à la rencontre de ceux qui sont restés sur place.

En mai 2017, il présente son film retour à Forbach  dans un cinéma proche de Cergy. C’est à cette occasion qu’il rencontre Annie Ernaux qui a aimé le film et qui l’invite à visiter la ville nouvelle où elle est installée depuis longtemps. Le film met en scène cette rencontre, cette balade de mai 2017, il est nourri de la correspondance qui en a découlé. De son côté, le réalisateur connaissait et appréciait l’œuvre à la fois autobiographique et sociologique d’Annie Ernaux, mais il s’est surtout inspiré ici de son écriture photographique du réel.

Sauder a tenté non seulement de filmer la vie à Cergy, mais de permettre à ses habitants, rencontrés au hasard de ses déambulations, d’énoncer leur récit. « A la suite de notre premier rendez-vous, je suis venu régulièrement à Cergy pour faire des rencontres et découvrir la ville en profondeur. A chaque visite, nous échangions sur ce que je voyais, j’entendais. Je découvrais la ville à travers les yeux des autres, leur joie d’habiter là et je voulais traduire ce sentiment. Le film raconte ce lieu à travers les récits des habitants qui s’y croisent et façonnent son histoire. » Sur le plan de la prise de vue et des cadrages, le réalisateur a choisi de ne pas trop s’approcher des habitants pour les montrer dans l’espace de la ville.

Assez rapidement dans le projet, le réalisateur a travaillé avec un groupe de lycéens à qui il a fait lire des textes d’A Ernaux, on voit donc ici le lien avec Nous princesse de Clèves. Tout au long du film, les textes de l’autrice dialoguent avec les images du film, sans les redoubler et construisent une cartographie subjective de la ville. Les œuvres d’Annie Ernaux dont on entend des extraits dans le film sont tirés de deux ouvrages : Le Journal du dehors (1996) et La vie extérieure (2000).

Les films que nous vous proposons dans le cadre du Festival des Solidarités sont souvent des films qui mettent l’accent sur une réalité douloureuse, nous avons le plaisir ce soir dans le cadre du thème « Vivre parmi les autres/vivre avec les autres », de vous proposer un film poétique, optimiste voire utopique, dont l’affiche annonce le côté chaleureux et solaire. Une source d’inspiration stimulante pour notre réflexion sur les manières de vivre avec les autres.

Les Intranquilles, de Joachim Lafosse

LES INTRANQUILLES   de JOACHIM LAFOSSE  – Présentation de Marion Magnard –  11/11/21 –

Joachim Lafosse est né en  Belgique en 1975. Son père,  photographe professionnel,  s’ennuie en faisant des photos pour les mariages et les cartes d’identité et comme il a beaucoup d’amis peintres, il se  spécialise dans les reproductions de tableaux . Malheureusement, ce père  est atteint d’une forme sévèe de bipolarité. Aussi l’enfance de Joachim est elle  d’une part entourée d’amis  peintres et de peintures, mais d’autre part  perturbée par les alternances d’euphorie excessive et de violence incontrôlée de son père, suivies d’hospitalisations dont il sort assommé par les médicaments. L’insécurité qui en résulte pèse lourdement sur le malade, sa femme et son fils, d’où le pluriel du titre «  les intranquilles « .

Joachim étudie le cinéma à l’Institut des Arts de Diffusion, et son film de fin d’étude, « Tribu », reçoit le prix  du meilleur court métrage au Festival de Namur, ce qui lance sa carrière de cinéaste.

Joachim nous explique, que marqué dès son enfance par la bipolarité de son père, il a toujours cherché à connaitre  « ce qui se passe quand quelque chose flanche, et comment ça arrive ».Et vous retrouvez cette recherche  dans sa filmographie :  le drame familial de « Nue-propriété »,  , les adoptions contestées dans « l’arche de Zoé », le partage de la maison après divorce dans « l’économie du Couple », et l’histire vraie dans « à perdre la raison » avec une jeune mère qui ne  trouve pas d’autre solution pour résoudre ses problèmes que de tuer ses quatre enfants.

Mais son  film le plus proche de lui, c’est celui que vous allez découvrir. Et il a voulu que  la musique du film ne soit  composée que de titres  qu’il  aime  particulièrement : piano et cordes de « Réminiscences » de Olafur Arnalds,  danses sur des compositions d’Antoine Bodson, et ses chansons préférées, « les idées noires » de Bernard Lavilliers,  « Mes amours » de Jean Ferrat…

Le scénario est inspiré de l’autobiographie « L’intranquille » du peintre  bipolaire Gérard Garouste, ami de Joachim, et de sa propre histoire familiale. Mais il n’a pu s’attaquer à la réalisation qu’après plusieurs années de maturation et d’analyses, pour être enfin capable d’arriver à une version qui prenne  soin  de chacun des  points de vue des trois membres de la famille. Et il a voulu faire, non un film sur la bipolarité  mais une déclaration d’amour à son père, qui a géré le mieux qu’il a  pu une vie difficile.

Le film a été tourné en pleine pandémie. Tous les techniciens, y compris le réalisateur, étaient masqués. Ils avaient l’impression d’être des entomologistes à l’observation d’un autre monde, celui des acteurs visage découvert, une autre race….

Joachim  a été littéralement séduit par ses deux  acteurs, qui eux même ont tellement investi  leur rôle qu’ils ont demandé au réalisateur de leur laisser leurs vrais prénoms dans le film.

Damien Bonnard, né à Tournus en 1978, a fait les beaux arts avant d’être acteur. Les tableaux du film sont l’œuvre du  peintre Pier RAEMDONCK, ami du réalisateur du film, mais certains ont été peints  par  l’acteur. Scrupuleux, il a travaillé son rôle avec des psychiatres. Et il   n’est pas un inconnu pour vous, vous l’avez vu notamment dans « Rester vertical »,  il était le soldat  français dans « Dunkerque », et  un des deux policiers  dans « les Misérables ».

Leila BEKHTI, née à Issy les Moulineaux en 1984, joue au théatre et au cinéma, (« tout ce qui brille », « le grand bain », la série « La flamme »…). Elle a fait trois enfants en 5 ans, pendant lesquels, dit elle, « je me suis lâchée, je suis très goumande  et j’ai pris 27 kilos ». Elle venait d’accoucher du troisième,  quand Lafosse  lui a proposé le rôle de la mère, dans lequel elle est parfaite.

Gabriel METZ CHAMMAH, le petit fils d’Isabelle Huppert, joue l’enfant. Lafosse nous raconte : « je ne sais pas diriger les acteurs enfants, mais Damien et Leila se sont sentis  immédiatement en empathie avec lui et ont été les interprètes entre nous. Et je ne savais pas comment terminer mon film, alors  je leur ai laissé  décider du dernier mot » du film que vous allez maintenant découvrir.

Le 25 novembre 2021, venez découvrir la réalisation de l’atelier vidéo

Dans le cadre de la fête de la science, l’association Toiles Émoi en partenariat avec la MJC, a permis à des adolescents et adultes de découvrir la prise de vues et le montage vidéo sur le thème de l’eau. L’atelier s’est déroulé le 9 octobre 2021, il a réuni 8 stagiaires.

La projection du film (court métrage) réalisé ce jour là, aura lieu le jeudi 25 novembre 2021 à 20h15.

Prise de vue acrobatique supervisée.