Archives mensuelles : juin 2023

Projection des films des lycéens de la Plaine de l’Ain

C’est devenu une tradition désormais, en juin, une des séances de Toiles Emoi est précédée par la présentation d’une partie des exercices filmés et courts-métrages réalisés par les lycées inscrits en option et, depuis la rentrée en spécialité Cinéma Audio-Visuel.

Cette séance a eu lieu cette année le 08 juin: à 19h30, environ 200 personnes, élèves, parents amis… se sont pressés pour assister à une séance d’une durée d’une heure, au cours de laquelle ont été projetés des films « à la manière de » , des travaux de sonorisation, des génériques de série, des courts métrages … Ambiance plutôt western, mais pas que!

Quelques photos souvenirs tirées des films présentés:

« Burning days » , de Emin ALPER

Burning Days (présenté par Anton PARIS, élève en 1ère Spécialité Cinéma-Audio-Visuel)

Emin Alper est un réalisateur de cinéma turc qui n’a pas réalisé beaucoup de longs métrages. Il se fait remarquer par ce film qui fut sélectionné et présenté au Festival de Cannes 2022. L’idée initiale d’Emin Alper était de décrire un idéaliste solitaire luttant contre l’élite corrompue d’une ville. Il explique : « On peut toujours avoir le courage et l’envie de se battre contre des politiciens corrompus et autoritaires, mais quand on voit que ces gens sont populaires et qu’ils sont réélus par le peuple encore et encore, on se sent désespéré, et isolé. »

Dans Burning Days, on peut suivre Emre, un jeune procureur, qui vient tout juste d’être muté dans la ville de Balkaya en Turquie. Mais les ennuis commencent et il se retrouve bientôt piégé entre une affaire le concernant, l’apparition d’étranges phénomènes et la montée en puissance de la révolte de la ville contre l’élite corrompu d’une ville.

Situé entre drame social et thriller politique, Burning Days n’arrête pas de jouer sur le rythme de la tension et sur des rebondissements incessants durant toute la projection. Burning Days emprunte des éléments au thriller, ce qui n’était pas prévu lorsque le projet en était à ses débuts. Après avoir esquissé le cadre (c’est-à-dire la pénurie d’eau), Emin Alper a dû créer des éléments supplémentaires pour complexifier l’intrigue et approfondir le caractère du procureur.

La scène la plus importante est celle du dîner dans le jardin du maire qui est drôle puis inquiétante. Le réalisateur Emin Alper explique comment il l’a conçue : « J’aime beaucoup les longues scènes de repas. Il y en a dans presque tous mes films. Ces scènes sont idéales pour montrer les tensions cachées sous la surface. La plupart des dialogues étaient écrits. Nous avons fait de nombreuses répétitions, au cours desquelles j’ai laissé les acteurs improviser, dans une certaine mesure.  »

Je vous laisse admirer la magnifique image du directeur de la photo Christos Karamanis qui sublimise ce film.

Bonne projection !!

 

    « Quand tu seras grand » d’Andréa BESCOND et Eric METAYER

« Quand tu seras grand « d’Andréa BESCOND et Eric METAYER

1er juin 20023 -_ Présentation Marion Magnard

Il y a 5 ans, la danseuse et actrice Andréa BESCOND et son compagnon Eric METAYER, metteur en scène, ont réalisé le film « Les chatouilles », pour exorciser un drame intime vécu par Andréa dans son enfance.

Andréa et Eric se sont ensuite séparés, mais restés très complices, sont allés voir ensemble, accompagnés de leurs deux petits garçons, la grand-mère d’Andréa placée dans un EPHAD en Bretagne. Et ils sont alors frappés de voir comme les résidents qui leur apparaissaient complètement amorphes, reprennent vie dès qu’ils voient les enfants.

Andréa et Eric ont alors l’idée de faire ensemble un film choral, réunissant en un même lieu les soignants, qui travaillent dans des conditions très difficiles et qui sont souvent très attachés aux résidents, ceux-ci qui se sentent souvent surnuméraires et même superfétatoires, et des enfants eux aussi pas toujours assez aimés et écoutés. Car Andréa n’a pas oublié comment ses propres parents n’ont pas su entendre sa détresse quand elle était enfant.

Andréa apparait peu dans le film, chargée de gérer de nombreuses contraintes logistiques, notamment dues aux horaires à respecter en raison des âges des acteurs, ( pas plus de 4 heures par jour pour les enfants). Eric METAYER joue le directeur de l’EPHAD, volontiers cynique. Vincent MACAIGNE est parfait en soignant empathique et généreux. Le personnage joué par Aïssa Maïgo a été inspiré aux réalisateurs par les ATSEM de l’école de leurs enfants. Quant aux résidents de l’EPHAD, au sortir d’un confinement pour Covid particulièrement rigoureux et cruel dans ces établissements, ils étaient très motivés, et il leur arrivait, quand un comédien professionnel butait sur son texte, de s’exclamer « c’est quand même pas compliqué ! ».

Les enfants (dont Yannick Brieux joué par Kristen Billon, choisi pour ses qualités de skateur et parce qu’il était du même village breton que la grand-mère d’Andréa) recrutés sur vidéos, se sont entraînés dans différents ateliers et ont vécu ensemble pendant tout le tournage ce qui a créé une jolie complicité entre eux.

Le musicien ROB mêle les nappes musicales du synthétiseur à la flûte et aux instruments celtiques anciens, dans un thème un peu mélancolique.

Certains critiques ont parlé d’un excès de bonté et de bonne humeur, d’autres soulignent un réalisme tendre à la Ken Loach, une critique malicieuse de l’Education Nationale et des institutions. Et le film ne craint pas de montrer le grand âge, les corps vieillissants et la mort sans tabou.

Quant aux deux réalisateurs, ils souhaitent qu’après la projection du film, les spectateurs aient envie d’aller voir leurs proches jeunes ou vieux, et de leur dire qu’ils les aiment.