A l’ombre des filles, d’Etienne Comar

 

Quelques mots sur le réalisateur  du film de ce soir: Etienne Comar, diplômé de l’école de cinéma parisienne: la Femis . Nous n’avons pas forcément remarqué son nom aux génériques , cependant  nous verrons  qu’il a participé  à de nombreux films qui nous sont connus.

Il y a quelques années, après la mort de son père, il a rejoint un groupe de rock amateur: il écrit alors les paroles de chansons et les interprète.il dit que  l’expérience libératrice du chant lui a permis de faire son deuil. Et c’est à la suite de cette  découverte émotionnelle qu’il s’est mis à écrire des scénarios  puis à les réaliser.

Il  a commencé à travailler en tant que scénariste et producteur sur plusieurs films de Xavier Beauvois: » Des hommes et des dieux », « La rançon de la gloire », sur le film de Maïwenn « Mon Roi« .il a co-produit « Timbuktu »  de Sissako, « Visages , Villages  » d’Agnès Varda. Puis il  a écrit, réalisé et produit  son 1er film en 2017″:Django » avec Reda  Kateb. La musique se retrouve au coeur de son 2ème long métrage: « A l’ombre des filles « .Ce n’est pas un hasard car la musique tient une grande place dans la vie d’E.Comar

Il écoute souvent du chant lyrique, de la musique baroque, fasciné par les voix de contre-ténor. Et c’est le rôle  d’un contre-ténor de renommée internationale qu’il a  confié à Alex Lutz dans le film de ce soir. Alex Lutz  incarnait  déjà  un chanteur dans le film « Guy ». Etienne Comar  a choisi cet acteur multiple, caméléon, car dit-il « il est capable de se mettre dans un état de grande perméabilité »

Agnès Jaoui, Hafsia Herzi (qu’on a vue  dans « la graine et le mulet« ), Marie Berto … complètent le casting auquel il a ajouté des actrices non-professionnelles. Ce sont les vraies  voix des comédiens  qu’on entend dans les chants, une seule fois,  Alex Lutz a été doublé pour un morceau d’opéra qui nécessitait une technique vocale professionnelle

Sur le plan technique, le réalisateur a filmé en pellicule argentique et non en numérique, en format 1,33, idéal pour les visages en gros plan. Ce cadre  restreint de l’image est conservé tout au long du film… tout un symbole. En effet c’est dans un milieu carcéral féminin qu’Etienne Comar nous entraîne., même s’il se refuse à le mettre en scène. Seul , pour lui , compte ce qui se passe autour du chant, devenu expérience collective dans un univers où l’isolement est pourtant de mise.

Denise Brunet