Marcher sur l’eau, d’Aïssa Maïga

Aïssa Maïga est née en 1975 au Sénégal et vit en France depuis ses 4 ans. Elle a reçu une éducation multiculturelle entre catholicisme, islam et laïcité mais aussi entre des origines africaines et vietnamiennes.

 Le public français a pu la découvrir comme actrice dans des 2nds rôles dans Les Poupées russes de Klapisch, Caché de Haneke ou encore Je vais bien, ne t’en fais pas de Lioret. Elle est nominée pour le César du meilleur espoir féminin en 2006 grâce à son rôle dans Bamako. Depuis, elle a tenu des premiers rôles par exemple dans Il a déjà tes yeux.

On peut dire d’elle que c’est une artiste engagée puisqu’elle fait partie de plusieurs ONG mais aussi pour sa défense de la diversité au cinéma. En effet, lorsqu’elle débutait, quand elle se présentait dans des castings , elle s’est souvent entendu dire « on cherche une comédienne de 20 ans, pas une noire ». Ce combat s’incarne dans un documentaire qu’elle co-réalise pour la tv, intitulé  Regard noir.

Parallèlement à ce projet, elle réalise Marcher sur l’eau, premier long métrage qu’elle réalise seule, à la demande d’un producteur qui lui propose cette histoire d’une communauté villageoise se battant pour l’accès à l’eau. Ce sujet lui a aussitôt rappelé des souvenirs de ses vacances d’enfant chez sa grand-mère au Mali : l’eau bue dans les jarres posées le long des murs, le moment de la toilette dans le fleuve Niger. Elle a alors pris conscience du fait que la question de l’eau était cruciale et l’écriture du film a ensuite coulé très naturellement. C’est elle qui a choisi de tourner au Niger alors que plusieurs possibilités se présentaient à elle. Elle s’est rapprochée de l’ONG Amman Imman (« l’eau c’est la vie ») qui soutenait le projet de forage.

Il s’agit d’un documentaire écrit, il suit un projet réel en s’attachant plus particulièrement à des personnages qu’elle a dirigés au fil des saisons (elle venait tourner tous les 3 mois), en parvenant parfois à saisir des scènes sur le vif  et d’autres fois en les reconstituant .

Ce film nous a paru particulièrement approprié pour illustrer de manière concrète le problème de l’accès à l’eau tel qu’il se pose encore aujourd’hui pour une grande partie de l’humanité, et notamment en Afrique. Quelques chiffres pour mémoire :

  • 50% : À l’échelle de la planète, c’est en Afrique que se trouvent la moitié des personnes qui boivent une eau provenant de sources non protégées.

  • 24 et 28% : En Afrique subsaharienne, seulement 24% de la population a accès à une source sûre d’eau potable et les installations sanitaires de base – non partagées avec d’autres foyers – sont réservées à 28% de la population.
  • 30 minutes : temps consacré quotidiennement par les filles pour la collecte de l’eau, au détriment de leur éducation notamment

cf dossier de presse du film: