Les Intranquilles, de Joachim Lafosse

LES INTRANQUILLES   de JOACHIM LAFOSSE  – Présentation de Marion Magnard –  11/11/21 –

Joachim Lafosse est né en  Belgique en 1975. Son père,  photographe professionnel,  s’ennuie en faisant des photos pour les mariages et les cartes d’identité et comme il a beaucoup d’amis peintres, il se  spécialise dans les reproductions de tableaux . Malheureusement, ce père  est atteint d’une forme sévèe de bipolarité. Aussi l’enfance de Joachim est elle  d’une part entourée d’amis  peintres et de peintures, mais d’autre part  perturbée par les alternances d’euphorie excessive et de violence incontrôlée de son père, suivies d’hospitalisations dont il sort assommé par les médicaments. L’insécurité qui en résulte pèse lourdement sur le malade, sa femme et son fils, d’où le pluriel du titre «  les intranquilles « .

Joachim étudie le cinéma à l’Institut des Arts de Diffusion, et son film de fin d’étude, « Tribu », reçoit le prix  du meilleur court métrage au Festival de Namur, ce qui lance sa carrière de cinéaste.

Joachim nous explique, que marqué dès son enfance par la bipolarité de son père, il a toujours cherché à connaitre  « ce qui se passe quand quelque chose flanche, et comment ça arrive ».Et vous retrouvez cette recherche  dans sa filmographie :  le drame familial de « Nue-propriété »,  , les adoptions contestées dans « l’arche de Zoé », le partage de la maison après divorce dans « l’économie du Couple », et l’histire vraie dans « à perdre la raison » avec une jeune mère qui ne  trouve pas d’autre solution pour résoudre ses problèmes que de tuer ses quatre enfants.

Mais son  film le plus proche de lui, c’est celui que vous allez découvrir. Et il a voulu que  la musique du film ne soit  composée que de titres  qu’il  aime  particulièrement : piano et cordes de « Réminiscences » de Olafur Arnalds,  danses sur des compositions d’Antoine Bodson, et ses chansons préférées, « les idées noires » de Bernard Lavilliers,  « Mes amours » de Jean Ferrat…

Le scénario est inspiré de l’autobiographie « L’intranquille » du peintre  bipolaire Gérard Garouste, ami de Joachim, et de sa propre histoire familiale. Mais il n’a pu s’attaquer à la réalisation qu’après plusieurs années de maturation et d’analyses, pour être enfin capable d’arriver à une version qui prenne  soin  de chacun des  points de vue des trois membres de la famille. Et il a voulu faire, non un film sur la bipolarité  mais une déclaration d’amour à son père, qui a géré le mieux qu’il a  pu une vie difficile.

Le film a été tourné en pleine pandémie. Tous les techniciens, y compris le réalisateur, étaient masqués. Ils avaient l’impression d’être des entomologistes à l’observation d’un autre monde, celui des acteurs visage découvert, une autre race….

Joachim  a été littéralement séduit par ses deux  acteurs, qui eux même ont tellement investi  leur rôle qu’ils ont demandé au réalisateur de leur laisser leurs vrais prénoms dans le film.

Damien Bonnard, né à Tournus en 1978, a fait les beaux arts avant d’être acteur. Les tableaux du film sont l’œuvre du  peintre Pier RAEMDONCK, ami du réalisateur du film, mais certains ont été peints  par  l’acteur. Scrupuleux, il a travaillé son rôle avec des psychiatres. Et il   n’est pas un inconnu pour vous, vous l’avez vu notamment dans « Rester vertical »,  il était le soldat  français dans « Dunkerque », et  un des deux policiers  dans « les Misérables ».

Leila BEKHTI, née à Issy les Moulineaux en 1984, joue au théatre et au cinéma, (« tout ce qui brille », « le grand bain », la série « La flamme »…). Elle a fait trois enfants en 5 ans, pendant lesquels, dit elle, « je me suis lâchée, je suis très goumande  et j’ai pris 27 kilos ». Elle venait d’accoucher du troisième,  quand Lafosse  lui a proposé le rôle de la mère, dans lequel elle est parfaite.

Gabriel METZ CHAMMAH, le petit fils d’Isabelle Huppert, joue l’enfant. Lafosse nous raconte : « je ne sais pas diriger les acteurs enfants, mais Damien et Leila se sont sentis  immédiatement en empathie avec lui et ont été les interprètes entre nous. Et je ne savais pas comment terminer mon film, alors  je leur ai laissé  décider du dernier mot » du film que vous allez maintenant découvrir.