La syndicaliste, jeudi 6 avril

La Syndicaliste, de Jean-Paul Salomé

Jean-Paul Salomé a étudié le cinéma à la Sorbonne avant de devenir l’assistant de Lelouch. Ses 2 1ers courts-métrages étaient des documentaires, puis il est passé au long métrage de fiction. Mais avec La Syndicaliste, la frontière entre fiction et documentaire est étroite. En effet le film de ce soir, vous le savez sans doute, est l’adaptation d’un livre-enquête écrit par une journaliste de l’Obs, et consacré à Maureen Kearney, syndicaliste d’Areva qui a dénoncé les manœuvres politico-économiques autour de la filière nucléaire française et des intérêts chinois. Il s’inscrit donc dans la lignée des films qui retracent une affaire ayant réellement eu lieu, mais avec la particularité de coller à la réalité en conservant notamment les lieux de l’action : le village des Yvelines où habitait la lanceuse d’alerte, dont les figurants sont des gens qui ont réellement assisté à la scène à l’époque, mais aussi les bords du lac d’Annecy ou plusieurs sites industriels d’Areva. De même C’est l’un des rares films français avec « les noms réels de personnages publics impliqués », pratique plus courante chez les cinéastes américains. Cette approche existait autrefois chez les cinéastes européens comme Yves Boisset ou Costa-Gavras par exemple, mais est devenu plus exceptionnel. Le metteur en scène a d’ailleurs sollicité des avocats pour éviter les problèmes juridiques à propos d’une affaire qui peut être considérée comme un scandale d’état. Toutefois, un personnage du film a été inventé, il s’agit de la jeune enquêtrice qui découvre un cas similaire.

Maureen Kearnay, lorsqu’elle a vu le film pour la 1ère fois, a dû sortir de la salle, incapable de revivre certaines scènes. Cependant elle affirme que, dans la réalité, l’instance judiciaire subie était « beaucoup plus dure » que celle décrite dans le film. La scène de la garde à vue, en particulier, était selon elle « bien pire dans la réalité ». Elle, qui n’a réussi à surmonter cette injustice que grâce au soutien de sa famille et de son syndicat, souhaite aujourd’hui que l’enquête soit relancée. Le jour de la sortie en salle du film, des députés ont signé une proposition demandant « la création d’une commission d’enquête parlementaire relative à « l’affaire Maureen Kearney » et ses implications en matière de fonctionnement de nos institutions, de nos principes démocratiques et de notre souveraineté industrielle ».

Un film qui entre donc fortement en résonnance avec l’actualité. Quant à Isabelle Huppert, vous pourrez la retrouver dans 3 semaines dans le dernier film de François Ozon.