La salle des profs, lker Çatak
L’institution scolaire a toujours intéressé les cinéastes, et c’est particulièrement frappant actuellement, elle est en effet au cœur de nombreux films depuis quelques mois. Ne serait–ce qu’en France, on peut citer Un métier sérieux de Thomas Lilti, et Pas de vague, de Teddy Lussi-Modeste, que vus avez peut-être découvert en coup de cœur surprise. Il en va de même en Allemagne, où l’école, comme ici, est un reflet de la société et un lieu où les tensions sociales se manifestent souvent de façon épidermique.
Ilker Catak est né à berlin Ouest en 1984, dans une famille d’immigrés turcs. A 12 ans sa famille déménage à Istanbul où il passe son baccalauréat. Il retourne ensuite en Allemagne pour travailler sur différentes productions cinématographiques : il réalise des publicités, des courts-métrages plus personnels tout en poursuivant des études de cinéma et de télévision. Son 1er long métrage sort en 2017 depuis il enchaîne longs métrages et épisodes de séries.
Le projet est né au cours d’une discussion du réalisateur avec son co-scénariste et ami d’enfance. Tous 2 discutaient de vols dont avaient été victimes certains de leurs proches. Lorsque son ami a évoqué un vol subi par sa sœur , professeur de mathématiques, dans l’école où elle enseigne, ils ont tous 2 évoqués des souvenirs d’enfance de camarades qui volaient dans les affaires des autres mais qu’aucun élève n’avait souhaité dénoncer, jusqu’à ce qu’une fouille ait lieu dans la classe. Pour enrichir cette idée de départ, le réalisateur s’est rendu dans son ancien collège, à Berlin afin de faire des recherches auprès de spécialistes des questions d’éducation. Il a d’ailleurs été accueilli à bras ouverts par son ancien principal ; toutefois le film a été tourné à Hambourg.
Pour le film, le réalisateur a rassemblé des jeunes de 11 à 14 ans, afin de reconstituer une classe équivalente à notre classe de 5ème, classe qui a la particularité de mêler des élèves très différents, certains encore très enfantins et d’autres déjà adolescents. Par la suite, il a tenté de créer une cohésion entre eux, et sur le tournage, tous les matins il passait un long moment à discuter avec eux de toutes sortes de sujets.
Pour le personnage principal, le parti pris du réalisateur est de ne rien montrer d’elle en dehors de sa vie à l’école. Selon lui, le caractère d’une personne finit toujours par se révéler au moment de prendre des décisions difficiles, quand elle est sous stress ou qu’elle doit gérer des problèmes. Le film est donc un huis-clos. Léonie Benech, l’actrice qui interprète ce personnage, a joué dans le Ruban blanc de Mickael haneke mais est surtout connue pour ses rôles dans les séries Babylon Berlin et The crown.
Le film a reçu de nombreux prix en Allemagne et a été nominé pour l’oscar du meilleur film étranger (remporté par Glazer)