Archives de catégorie : Soirées 7ème art

La nuée de Just Philipot

 

1er long métrage de ce réalisateur français de 39 ans.

Dans un de ses précédents courts métrage, Acide, récompensé par de nombreux prix, il avait abordé le thème d’une famille aux prises avec le dérèglement climatique. Famille et catastrophe sont des ingrédients qui se mélangent bien. On se souvient récemment de Grave de Julia Ducourneau.

Le pitch du film

Difficile pour Virginie de concilier sa vie d’agricultrice avec celle de mère célibataire. Pour sauver sa ferme de la faillite, elle se lance à corps perdu dans le business des sauterelles comestibles. Mais peu à peu, ses enfants ne la reconnaissent plus : Virginie semble développer un étrange lien obsessionnel avec ses sauterelles…

Selon Allociné, le type de film classé en drame, épouvante-horreur mais selon les scénaristes c’est un drame familial horrifique ou thriller agricole, thriller rural

Les scénaristes Jérôme Genevray et Franck Victor sont les artisans de l’histoire.

La Nuée est né d’un appel à projets du CNC pour les films de genre. Pour le scénariste Jérôme Genevray, le point de départ a été de raconter une histoire en tant que parent, « à savoir comment arrive-t-on à arbitrer entre notre besoin de travailler pour nous accomplir et l’amour nécessaire et le temps que l’on doit à nos enfants ». La question des sauterelles s’est ajoutée grâce à son partenaire d’écriture Franck Victor, qui est vegan. Ensemble, ils se sont interrogés sur l’alimentation de demain mais aussi sur l’obsession du travail et de la réussite dans notre société.

On pourrait ajouter une seconde question « qu’est-ce qui explique un tel déséquilibre ? » et tenter une réponse « produire moins cher »

Les insectes

  • Avant tout les sauterelles du film ne sont pas de sauterelles mais des criquets migrateurs.
  • 2 milliards de personnes consomment déjà des insectes lors des repas traditionnels aujourd’hui. L’agriculture doit en effet résoudre une équation complexe :
    • produire davantage pour répondre aux besoins de la croissance démographique,
    • produire de manière écoresponsable,
    • lutter contre l’insé­curité alimentaire
    • faire face à l’augmentation du prix des protéines animales.

Les insectes peuvent être une solution.

  • Une sauterelle prise unitairement est plutôt bien acceptée cependant quand elles sont nombreuses, le nombre va créer l’angoisse.
  • Chose rare dans les films français, un personnage numérique existe à part entière, ici il est même protéiforme, c’est la nuée, les effets spéciaux ont nécessité de relever des défis techniques énormes.
  • Pourquoi avoir choisi des sauterelles : « Les sauterelles sont une allégorie, celle de l’addiction au travail ».

On ne peut s’empêcher à des films de référence :

  • Les oiseaux d’Alfred Hitchcock,
  • Les dents de la mer de Steven Spielberg,
  • La mouche de David Cronenberg
  • Take Shelter de Jeff Nichols

Mais également inspiré d’un documentaire sur une agricultrice jusqu’au-boutiste, seule contre tous :

  • Anaïs s’en va-t-en-guerre documentaire de Marion Gervais

Les acteurs

  • Virginie : Suliane Brahim pensionnaire de la comédie française que l’on a vue dans Hors Normes d’Olivier Nakache et Éric Toledano. Elle joue l’inspecteur de l’IGAS. Le choix du réalisateur était de donner le rôle à quelqu’un de peu connu.
  • Karim : Sofian Khammes

Les effets spéciaux : cocorico, on savait que les français étaient reconnus dans ce secteur du cinéma. Les effets spéciaux sont signés Antoine Moulineau qui a longuement travaillé aux États-Unis pour des blockbusters hollywoodiens comme Avatar, The Dark Knight ou encore John Carter, il est le directeur de Digital District.

Le mot du soir qui détendra l’atmosphère : Jiminy

Titane, de Julia Ducourneau

Titane, de Julia Ducourneau

Je suppose que, si vous êtes dans cette salle ce soir, ce n’est pas par hasard; que vous n’avez pas bravé l’orage, et dégainé votre passe sanitaire sans savoir un certain nombre de choses sur le film que vous êtes venu voir, vous vous attendez donc à être dérangés, retournés par cette Palme d’or hors du commun.

Hors du commun à plusieurs titres : 2ème attribuée à une femme (1ère : La leçon de Piano, 1993) ; mais surtout 1ère à être attribuée à un film qui n’a pas peur de choquer, un film qui est à la fois un film d’auteur et un film qui aborde frontalement le sexe, la violence, le fantastique, l’horreur, bref ce qu’on appelle un film « de genre » ; 1ère fois qu’une jeune réalisatrice française enchaîne pour son 1er film (Grave), le grand prix du festival de Gérardmer et pour son 2ème la Palme d’or. On parle d’ailleurs actuellement du renouveau du cinéma de genre en France avec d’autres films sortis cette année : Teddy, des frères Boukherma ou La Nuée de Just Philippot.

Cette expression « film de genre », Julia Ducourneau la revendique à double titre, à la fois dans le sens que je viens d’évoquer, mais aussi parce que c’est une réflexion sur le « genre », elle a voulu brouiller les stéréotypes de genre, sur la féminité et la virilité, à travers les 2 personnages principaux : une femme montrée comme hypersexualisée notamment dans une séquence de salon de l’auto qui n’est qu’un leurre, et un homme montré dans un univers connoté comme masculin, celui d’une caserne de pompiers, univers féminisé par les couleurs, la douceur.

Plus encore que d’un film de genre, on peut parler d’un film mutant : en effet, le film bascule, évolue au cours de l’histoire et change d’orientation, de même les personnages sont des mutants et des personnages dont les corps se métamorphosent: une femme qui a du fer dans la tête, un homme dont le corps est modifié par les stéroïdes. Cet homme est incarné par Vincent Lindon : la réalisatrice a écrit le film en pensant à lui pour ce rôle, il a accepté sans rien savoir du film et a soulevé des poids pendant un an pour modifier son corps, selon la technique de l’actor’s studio. JDucourneau pense que le corps est le 1er outil de l’acteur et que le travail de préparation du corps lui permet d’entrer dans le rôle. Pour le rôle « féminin », elle a tenu en revanche à avoir une actrice assez androgyne mais inconnue, afin que le spectateur n’ait pas de représentation sur elle et  qu’il puisse croire à sa métamorphose. 

C’est un film qui s’appuie sur de très nombreuses références cinématographiques (Cronenberg, Carpenter, et bien d’autres moins évidentes), mais aussi mythologiques (le titre renvoie à la plaque de Titane que le personnage principal a dans le crâne mais aussi aux Titans, à le rencontre entre le métal et le feu, le froid et le chaud..).

Un film noir donc, mais qui ne se veut pas pessimiste : il s’agit selon la réalisatrice avant tout d’un grand film d’amour !

The master

THE MASTER

Paul Thomas ANDERSON

Joaquin PHOENIX

Philip Seymour HOFFMAN

Paul Thomas ANDERSON.

Sa filmographie :

PTA, âgé de 42 ans à la sortie du film, a déjà reçu des récompenses prestigieuses pour ses précédents films :

2000 – Magnolia / Ours d’Or à Berlin, avec déjà PSH

2002 – Punch Drunk Love / prix de la mise en scène à Cannes

2007 – There will be blood avec Daniel Day Lewis – fresque sur un magnat du pétrole au début du 19è siècle – 8 nominations aux Oscars –

Le film

2009 : début du travail sur The Master, sorti en 2012. Projet long à concrétiser en raison de difficultés de financement, d’abandon d’acteurs (Jeremy Renner) et d’ attaques de l’église de Scientologie qui voit des similitudes entre le personnage interprété par PSH et le fondateur de l’église, Ron Hubbard, auteur du livre « la dianétique : la science moderne de la santé mentale » paru en mai 1950.

Présenté en avant première au festival de Venise, le film a remporté le Lion d’argent du meilleur réalisateur, et le prix Volpi a été décerné aux deux interprètes principaux, JPh et PSH.

Paul Thomas ANDERSON dit avoir été inspiré par les romans de John Steinbeck et par les récits de Jason Robards, soldat pendant la Guerre du Pacifique pour la réalisation de ce film.

Raconte le retour à la vie civile d’un ancien combattant de la 2nde GM, Freddie, incarné par J Ph, revenu à moitié fou, obsédé sexuel et gravement alcoolique.

Ce vétéran fait la connaissance d’un étrange individu, Lancaster Dodd, interprété par PhSH, un homme apparemment richissime, qui va le prendre sous son aile.

Progressivement, on découvre que Dodd écrit des livres, et qu’il a fondé un mouvement appelé « La Cause », qui s’apparente à ce que nous appelons en France une secte.

Le film met en scène les relations dominant/dominé entre Dodd et Freddie.

 

On assiste à deux grands numéros d’acteurs, tel que celui de Daniel Day Lewis dans « there will be blood ».

 

Le film évoque des questions psychologiques telles que l’ambiguité, l’inversion possible entre les rôles de dominant/dominé (notamment entre Ph Seymour Hoffamn et son épouse).

 

Le film, tourné en 70 mm (format de Lawrence d’Arabie – Cecil B de Mille) impressionne par sa dimension, la qualité des reconstitutions, les numéros d ‘acteurs.

Par sa perfection, il a suscité des comparaisons avec certains films de Stanley Kubrick ;

D’un autre côté, cette perfection lui confère également un caractère un peu académique, dépourvu de véritable émotion.

A vous de juger.

Bonne projection !

Elle s’en va

Présenté le 24/10/2013 par Philippe MALINGE

Emmanuelle Bercot est actrice, réalisatrice et également scénariste. Elle est notamment la co-scénariste avec Maïwenn dans Polisse.

On la retrouve en tant qu’actrice dans ses propres films, « Clément » par exemple, dans lequel elle joue une 30naire qui tombe amoureuse d’un adolescent.

Emmanuelle Bercot démontre à travers ce film l’admiration qu’elle voue à Catherine Deneuve en tant que femme mais également en tant qu’actrice. Elle a vue des dizaines de fois « le sauvage », « Hôtel des Amériques », « le dernier métro »… Dans son enfance, elle s’imaginait que Catherine Deneuve était sa mère, sa sœur, son amie. Sans y croire Emmanuelle Bercot contacte Catherine Deneuve et lui propose le projet cette dernière est séduite par l’idée.

Emmanuelle Bercot, s’est en partie inspirée du film « Une histoire vraie » de David Lynch dans lequel un vieil homme parcourt plusieurs centaines de km sur son seul moyen de locomotion : une tondeuse à gazon. Elle s’inspire également du film « un monde parfait » de Clint Eastwood qui relate la rencontre d’un adolescent et d’un adulte.

On retrouve Catherine Deneuve dans un genre inédit pour elle : le road movie. On rappelle quelques road movies français (Tandem, Thelma, Louise et Chantal, plus récemment Radiostars).

Elle joue rôle de Bettie, une propriétaire d’un restaurant. Elle part chercher des cigarettes… Lors de ce voyage Bettie rencontre des gens. Emmanuelle Bercot nous invite à découvrir des personnes, des personnages et des personnalités. Ce sont pour la plupart des acteurs non professionnels.

 Distribution :

  • Claude Gensac

  • Mylène Demongeot

  • Camille : choisie pour le rythme d’une conversation téléphonique

  • Hafsia Herzi : Jimmy Riviere, La graine et le mulet, La source des femmes

  • Némo Schiffman : propre fils de Emmanuelle Bercot et du chef opérateur du film.

Tournage : Bretagne (Morbihan) et Izieu et Menthon Saint Bernard (au dessus du lac d’Annecy)

 Sélection officielle du festival du film de Berlin

Musique à remaquer : la chanson «Ma grand mère»

Sur le site Allocine