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Chronique d’une liaison passagère – Emmanuel Mouret

Chronique d’une liaison passagère d’Emmanuel Mouret – 13/10/22 –

Présentation de Marion Magnard

Emmanuel MOURET est né à Marseille en 1970. Son père est antiquaire et marchand d’Art. Vous ne serez donc pas étonnés si dans ses films, les promenades des personnages les amènent souvent dans des musées où le cinéaste fait un petit flash sur tel tableau en écho à leur conversation…

En seconde au lycée, quand la conseillère d’orientation lui demande son choix, il répond sans hésiter « la filière scientifique » car il a lu dans un brochure que le bac S est très bon quand on veut faire du cinéma. Bac scientifique obtenu, son premier court métrage tourné à 19 ans, il part à Paris, suit des cours d’Art dramatique et entre à la FEMIS. Il obtient son diplôme dans la section « réalisation » en 1998.

En 2000, il écrit et réallise son premier long métrage (dont il a donné pour titre un jeu de mots « Laissons Lucie faire ») avec Marie Gillain dans le rôle de Lucie et lui-même dans le rôle de l’acteur principal car, comme Woody Allen, qui est son modèle absolu comme réalisateur et comme acteur, il assumera les deux tâches dans tous ses films jusqu’en 2010. Il s’attribue toujours un rôle de jeune homme candide et maladroit dans une sorte de marivaudage moderne, à mi-chemin entre Eric Rohmer et Woody Allen, avec une petite touche de Lubitsch.

En 2010, il choisit François Cluzet pour interpréter le rôle principal dans « L’art d’aimer » et certains estiment que ses films ont plus de profondeur quand il ne s’implique pas comme acteur. Et parmi ceux-ci, je citerai notamment « Mademoiselle de Jonquières » (double César de la meilleure adaptation et des meilleurs costumes) et le délicieux « Les choses qu’on dit, les choses que l’on fait » où Emmanuel Mouret se montre véritablement « Le cinéaste de la parole en mouvement ».

Ce n’est certes pas par hasard qu’Emmanuel a choisi Sandrine Kiberlain pour le rôle de Charlotte, car si le réalisateur est un admirateur de Woody Allen, l’actrice modèle de Sandrine est Diane Keaton. Et comme Diane dans « Annie Hall », Sandrine est irrésistible en femme libre, effrontée et aussi mélancolique. Et pour interpréter Simon, le réalisateur a choisi Vincent Macaigne, acteur multiprésent dans le cinéma français et pourtant assez peu connu du grand public. Et Sandrine nous dit avoir su dès la première rencontre qu’ils avaient vraiment « des petites musiques complémentaires ».

Et cette complémentarité de nos deux acteurs est très bien servie par la photographie lumineuse de Laurent Desmet, une musique mozartienne entrainante pour les moments de mélancolie, une musique de Poulenc…