Tu ne mentiras point, de Tim Mielants

TU NE MENTIRAS POINT (SMALL THINGS LIKE THESE)

Le film que Toiles Emoi vous propose ce soir est l’adaptation du roman de Claire Keegan sorti en 2020, Small Things Like These qu’on peut traduire par Ce genre de petites choses. Il met en scène l’histoire peu connue des couvents de la Madeleine, ces institutions religieuses irlandaises qui ont accueilli jusque dans les années 80 les « fallen women » ces jeunes femmes prostituées, victimes d’incestes ou de viols. Souvent placées de force par leurs parents ces jeunes femmes, sous prétexte de réhabilitation morale, y étaient contraintes au travail forcé dans des conditions indignes. Suite aux témoignages de victimes survivantes et à la découverte de charniers anonymes, le gouvernement irlandais a officiellement reconnu sa responsabilité en 2013. Cependant l’autorité religieuse du Vatican, ne l’a toujours pas reconnue. Aujourd’hui ce pan de l’histoire reste largement tabou et ignoré de beaucoup d’irlandais.

En 2002, The Magdalene sisters le film de Peter Mullan, lion d’Or à la Mostra de Venise, avait fait découvrir ce scandale de l’église catholique irlandaise.

20 ans après, le réalisateur flamand, Tim Mielants, fidèle au roman de Claire Keegan aborde ce récit historique par le prisme d’un protagoniste masculin, qui enfant a vécu la perte de sa mère. Les thèmes de la perte et du deuil sont des thèmes qu’il affectionne particulièrement.

Cillian Murphy interprète cette figure masculine en observateur silencieux. C’est d’ailleurs lui qui a proposé à Tim Mielants d’adapter le roman à l’écran. Il est également producteur du film, en collaboration avec Artists Equity, la société de production de Matt Damon et Ben Affleck. L’ambition d’Artists Equity est de respecter la vision des artistes et de promouvoir le partage des bénéfices avec leurs créateurs.

Vous remarquerez que le titre choisi pour la distribution du film en France est Tu ne mentiras point. On peut l’interpréter comme une référence à la transgression de ce commandement biblique par les institutions religieuses. Vous remarquerez aussi les choix artistiques pour illustrer la pression sociale et la violence psychologique de cette époque où l’Irlande se chauffait encore au charbon. Les plans sont statiques, la lumière en clair-obscur et le silence est omniprésent. Ainsi le jeu d’acteur repose sur le regard, la posture et les expressions du corps.