Deux pianos, d’Arnaud Desplechin

Depuis ses débuts dans les années 1990, Arnaud Desplechin formé, à la réalisation et à la prise de vues, mêle à chacune de ses œuvres cinématographiques introspection intellectuelle et sentimentale. Il explore les thématiques de la mémoire, de l’identité et la complexité des relations humaines.

Deux pianos est un drame romanesque coécrit avec Kamen Velkovsky et les conseils de la romancière Anne Berest. Le film imbrique les destins croisés de personnages mêlant deux histoires, celle d’une transmission et celle d’un amour impossible.

Au départ, le film s’appelait An affair to remember en référence à Love affair le film de Leo McCarey sorti en 1957 avec Cary Grant et Deborrah Kerr qui racontait l’histoire d’un playboy et d’une chanteuse de cabaret qui tombaient éperdument amoureux lors d’une traversée à bord d’un paquebot. Ils décidaient de se retrouver 6 mois plus tard après avoir mis de l’ordre dans leur vie amoureuse. Mais la traduction française qui signifie adultère, était trop réductrice. C’est pourquoi Arnaud Desplechin a choisi de le renommer Deux pianos comme pour illustrer l’histoire du couple et l’histoire des deux musiciens.

Le film est tourné caméra à l’épaule et se passe à l’automne à Lyon dans un décor baigné de couleurs ocres. Vous y reconnaitrez sans doute l’Auditorium avec l’entrée des artistes, le bar du Passage et le parc de la tête d’or.

François Civil, ancré dans un jeu plus introspectif qu’à l’ordinaire y incarne Mathias, un personnage qui mêle charme et talent mais aussi arrogance et autodestruction. François Civil s’est longuement préparé au rôle avec Grégoire Hetzel, le compositeur de la bande originale du film et un coach pour je cite « apprendre à respirer la musique, faire passer le tumulte intérieur par la main et le regard. ». C’est lui qui joue notamment le morceau de Bach à la fin du film Ich ruf zu dir. Il a d’ailleurs découvert récemment que son arrière-grand-mère maternelle improvisait au piano pour accompagner les films muets.

À son retour du Japon, il découvre Claude, Nadia Tereszkiewicz, son amour de jeunesse mère d’un jeune garçon qui lui ressemble étrangement. Arnaud Desplechin aime à dire qu’il s’est inspiré des deux héroïnes du roman de Stendhal, le Rouge et le Noir pour créer le personnage de Claude.

En arrière-plan, Charlotte Rampling joue Elena, sa magnétique mentore et Hippolyte Girardot interprète Max son agent fantasque.

Arnaud Desplechin a volontairement repoussé la demande de lecture collective du scénario pour préserver la part de mystère de chaque acteur.

Doris Orlut