Black dog est le 12ème film de Guan Hu, avez-vous déjà vu un de ses films ? Sûrement pas car celui-ci est le 1er à sortir en France, grâce à sa sélection dans la section « Un certain regard » au Festival de Cannes.
Guan Hu est un réalisateur qui fait partie de ce qu’on appelle la 6ème génération de réalisateurs en Chine. Cette sixième génération regroupe des réalisateurs actifs à partir des années 90, après l’écrasement de la révolte de la place Tiananmen, qui pratique un cinéma souvent assez réaliste et proche du documentaire, avec beaucoup de caméra épaule, afin de montrer les changements de la société et notamment de la jeunesse chinoise.
Guan Hu est né en 1968 et diplômé en 1991 de l’académie de cinéma de Pékin et se fait connaître en 1994 avec le film Dirt, représentation de la scène musicale rock de Pékin. A cette époque, le réalisateur paye 2000 $ pour s’affilier à un studio d’état et ainsi obtient d’être distribué en Chine et même projeté dans des festivals à l’étranger avec l’approbation des autorités. C’est ainsi que peu à peu, il devient un réalisateur officiel de blockbusters chinois.
Pourtant, le film de ce soir est un film d’auteur, qui sort du blockbuster d’abord par son art de set de sortir des codes mêler les genres : c’est à la fois une dystopie, un western situé à proximité du désert de Gobi mais avec des chiens et des tigres à la place de chevaux, un documentaire sur l’état de la Chine au moment de la préparation des jeux olympiques de Pékin en 2008. Certains y voient une critique virulente contre un pays qui broie ses habitants, mais le réalisateur s’en défend, car il fait partie du système et tous ses films reçoivent l’aval de la censure chinoise. Ce qui lui importe, c’est de montrer l’évolution du monde rural dans ces 20 dernières années mais aussi de proposer une réflexion sur la relation entre l’homme et l’animal, et sur la part d’animalité présente en chacun d’entre nous.
Il sort également du blockbuster par une histoire hors norme, celle de 2 personnages marginaux : le chien noir du titre mais aussi le personnage principal, Lang, ancienne star rock qui vient de sortir de prison, interprété par un acteur canado-taiwanais très connu en Chine pour ses rôles de jeune premier dans des comédies romantiques et totalement à contre emploi ici.
L’intrigue est assez simple et se concentre sur ces 2 personnages, mais la mise en scène et le contexte spatial et temporel font de ce film une expérience cinématographique hors du commun, alors je vous souhaite la bienvenue dans ce western apocalyptique qu’un critique situe entre Mad Max et Charlie Chaplin.
Danièle Mauffrey