Avant la projection , présentation de l’association: »Cent pour un toit » par Chantal Boute, Nicole Phillips, Colette Dallex.
Le film de ce soir se distingue de nombreux films portant sur le même sujet , par le fait qu’il met l’accent sur les relations familiales et sentimentales de ces travailleurs de l’ombre séparés de leur pays, de leur famille. Amin raconte l’histoire d’un travailleur sénégalais, un homme déraciné, pour qui la France se résume au travail pénible dans le bâtiment et au foyer des travailleurs immigrés.
On n’entendra pas de plainte, de morale pesante, de dialogues ronflants. Dans un style épuré, tout en délicatesse, Philippe Faucon, le réalisateur, donne une visibilité et donc une humanité à ces hommes dont la vie de devoir et de labeur est vécue en marge de la société française. Philippe Faucon est né en 1958 à Oujda au Maroc; après des études de lettres à Aix-en-Provence, il se tourne vers le cinéma en privilégiant l’art du portrait. Il a réalisé 12 longs métrages. Parmi les plus récents , on retiendra » Samia », » Fatima », qui lui a valu le César du meilleur film en 2016.
Il ajoute un nouveau visage à sa fresque de l’immigration, du déracinement, de l’isolement: celui d’Amin; sa douceur, sa timidité contrastent avec sa robuste carrure. Il est incarné par Mustapha Mbengue qui a commencé sa carrière cinématographique au Sénégal, dans le film de Bernard Giraudeau « Caprices d’un fleuve ». Pour lui, le cinéma est un moyen de faire passer des messages de paix, de fraternité. Son épouse est interprétée par Marème Diaye. Amin va croiser la solitude d’Emmanuelle Devos. Par contre, les seconds rôles sont tous joués par des comédiens non professionnels.
Le film se veut ni social, ni militant. On remarquera toutefois la dénonciation de la soumission au patronat, des trafics de papiers, de la montée religieuse en Afrique, du poids des coutumes.
Il a été tourné en partie au Sénégal, et cet éclairage sur l’Afrique est d’autant plus intéressant qu’il est plutôt rare, et en partie à Lyon, Villeurbanne, Tassin-la -Demi-Lune en octobre 2017.
Une image ouvre et clôt le film : celle du mouvement perpétuel d’un engin de chantier qui déplace et démolit: le symbole est discret mais il n’est pas anodin.
Denise Brunet