Le réalisateur libanais Ziad DOUEIRI est né à Kinshasa en 1963, dans une famille musulmane libérale. Le père est vendeur de produits agricoles et la mère avocate militante de la cause palestinienne. Il a 4 ans lorsque la famille revient à Beyrouth. En 1975 éclate la guerre civile qui durera jusqu’en 1990 et tous ses remous resteront gravés dans le disque dur cérébral de l’enfant ainsi que l’évènement suivant, moins grave mais significatif : Son père rapporte de Bulgarie un projecteur et un film bulgare. Bien sûr les enfants ne comprennent rien mais le père le passe en boucle en coupant le son et en inventant chaque jour de nouvelles histoires sur les images. Puis ce sera la projection de films américains piratés.
Ziad est tout entier tendu vers l’occident. Tandis que ses amis écoutent les chants d’Oum Kalsoum, il préfère les Pink Floyd. A 18 ans il supplie ses parents de lui payer un aller simple aux USA pour faire des études de cinéma. Et par l’intermédiaire d’une productrice, il rencontre Quentin Tarentino et il travaillera avec lui Réservoir Dogs , puis Pulp Fiction et Jackie Brown.
En 1998 il retourne au Liban avec un passeport américain et tourne son premier film « West Beyrouth » chronique de la vie d’un ado pendant la guerre, puis « Lila a dit ça » et la série « Le Baron Noir » pour Canal +. Avec L’attentat commencent les ennuis. C’est l’histoire d’un chirurgien israelien d’origine palestinienne, très intégré, dont la femme sans que rien ne le laisse prévoir, se fait exploser dans un restaurant de Tel Aviv. Ce film qui pose les questions sans manichéisme amène Doueiri devant les tribunaux pour « collaboration avec l’ennemi israelien » . Il est relâché grâce à son passeport américain.
Et Ziad Doueiri récidive avec L’Insulte, dans ce film il n’y a pas de bons et de méchants. Certes, il y a eu Sabra et Chatila, mais il y a eu aussi le massacre de Damour qui s’est passé à 20 km de sa maison. Il ose exposer toutes les blessures, avec son humour particulier et aussi avec un immense espoir d’une réconciliation …
Il a écrit le scénario avec sa femme Joëlle Touma pendant leur procédure d’un divorce tout à fait consensuel et le film a été sélectionné pour la Mostra de Venise, où l’acteur Kamel El Basha a obtenu le prix d’interprétation masculine pour son rôle de chef de travaux réfugié palestinien.
Rentrant tout heureux de son succès vénitien, Doueiri a été complètement surpris d’être arrêté à son retour, et de se retrouver devant les tribunaux libanais, qui ne se sont heureusement pas donné le ridicule d’interdire au Liban un film couronné à la Mostra et nominé aux Oscar comme meilleur film en langue étrangère…
Je gage que vous aller aimer L’Insulte qui a été le coup de cœur du Festival d’Arras.