PETIT PAYSAN –
En 2016, notre grande Catherine DENEUVE fait sensation en dédiant son prix Lumière aux Agriculteurs. Et cette année, c’est le premier long métrage d’un agriculteur qui a crée l’évènement au Festival d’Angoulème et à la Semaine de la Critique du Festival de Cannes .
Hubert CHARUEL est né en 1985 dans une ferme de Haute Marne. Il est fils et petit fils d’agriculteurs, que vous apercevrez d’ailleurs dans son film, ainsi que la ferme où il a été élevé. Spécialisé dans l’élevage laitier, il décide un jour, après avoir hésité entre l’école Vétérinaire et le cinéma, d’abandonner la ferme pour la FEMIS..
Vous n’avez pas oublié en 2015 l’excellent film islandais « Béliers » de Grimour HACONARSON, où deux frères ennemis se réconciliaient pour tenter de sauver leurs bêtes. « PETIT PAYSAN » essaie lui aussi de sauver son troupeau mais le parallèlisme s’arrête là : personnages, manière de filmer, atmosphère, tout est différent.
Nous avons ici au début presque un documentaire sur le quotidien du monde rural, difficultés économiques, épidémies, lois sanitaires, mécanisation. Et le naturalisme vire au drame, à un thriller existentialiste, dans un mélange d’onirisme et de réalisme.
Swann ARLAUD et Sara GIRAUDEAU, les deux principaux interprètes du film, sont nés dans le sérail. Sara est la fille de Bernard Giraudeau et d’ Anny Duperey, Swann petit fils de comédien, fils d’un chef décorateur et d’une mère metteur en scène de théatre.
Les critiques les disent littéralement habités par leur rôle. Très élogieux, ils louent un drame social, une tragédie introspective, « un bijou de drame rural » » et une caméra « très bien placée », ou analysent une terrible incapacité à s’adapter à un monde en évolution. D’autres déplorent un manque d’audace dans la mise en scène, et le caractère stéréotypé des personnages secondaires. Les plus sévères sont allés jusqu’à trouver que la plus vivante séquence est celle où toutes les vaches envahissent l’écran…
Il m’a paru important de connaitre ce que les agriculteurs eux-mêmes ont pensé du film. Interrogés par le Journal « La Montagne » et se revendiquant « paysans » plus qu’agriculteurs, il l’ont trouvé très juste. « il dit nos heures de travail, notre isolement, le temps de loisir inexistant, la concurrence des fermes XXL où il n’y a plus l’amour des bêtes qui ne sont plus que des numéros, et dont l’exploitant « qui ne descend plus de son tracteur » attend que le petit paysan son voisin périclite, pour lui racheter ses terres ». Un paysan spectateur a commenté : « on devrait passer ce film dans les lycées agricoles, cela ferait rire les lycéens car maintenant on leur apprend seulement à compter et lorsque le productivité s’accroit, c’est l’humain qui diminue ».Et je dirais : « la biodiversité aussi »…