Il nous est apparu bien difficile de présenter le film du réalisateur Arnaud des Pallières sans trahir un peu la conception qu’il a de son travail.
C’est un cinéaste rare (5 longs métrages en 20 ans de carrière) qui a débuté dans le documentaire. « Je fais des films en kit, dit-il, des films à construire soi-même » ou encore « je revendique avoir voulu faire un film pour chaque spectateur, à lui de construire l’image d’ensemble ; elle peut être différente de celle de son voisin ».
Dès lors, si nous respectons son souhait nous vous laissons seuls, au risque de vous savoir entraînés dans un trouble qui va durer une partie du film. Vous aurez l’impression de voir des séquences disparates et vous vous demanderez : « mais quel est donc le lien entre ces filles ? « , interprétées par Adèle Haenel, Adèle Exarchopoulos, Vega Cuzytek et Solène Rigot, révélation du film.
Il nous a donc semblé que devant ce film un peu déroutant, complexe, qui s’appuie sur la sensibilité et la lecture de chacun, quelques clés pouvaient être utiles.
Le scénario coécrit par Arnaud de Pallières puise dans l’histoire personnelle de sa coscénariste : Christelle Berthevas. Il s’agit donc d’une adaptation libre de souvenirs autobiographiques.
Le film entend tisser l’évolution d’un parcours de vie, celle d’une jeune femme aux identités multiples et contradictoires, incarnées par 4 actrices : elles interprètent un même personnage à 4 étapes de sa vie. 4 récits sont proposés, 4 époques racontées à rebours, de l’âge adulte à l’enfance. C’est en somme un portrait en forme de poupée russe.
Que l’on trouve le procédé fascinant ou agaçant, il n’en reste pas moins que le projet est singulier. Restituer les métamorphoses d’une femme en la faisant jouer tour à tour par 4 actrices différentes est apparu à Arnaud des Pallières comme une évidence. Selon lui, au cours de notre vie, nous devenons des personnes différentes, parfois étrangères les unes aux autres.
Le film peut apparaître parfois comme un puzzle cassé, mais au fond, il rend hommage à la complexité des êtres, aux vies bancales et à l’amour salvateur. Une demande compulsive d’amour habite le personnage et on rejoint par là le titre : être orphelin c’est un manque et du coup une quête.
Pour conclure on soulignera la performance des actrices et celle des acteurs comme Nicolas Duvauchelle et Sergi López, souvent filmés dans des contre-jours aveuglants qui ne les mettent pas forcément en valeur.
Je vous souhaite une bonne projection.