Voyage en Chine – film français de Zoltan Mayer – sorti le 25 mars 2015
Un film sensible porté par Yolande Moreau qui forme aussi deux beaux duos avec des comédiennes chinoises.
Remarqué pour ses travaux de photographe et ayant participé à des courts métrages et documentaires, le franco-hongrois Zoltan Mayer vient de réaliser son premier long métrage, Voyage en Chine.
Attiré depuis longtemps par les cultures orientales, il décide lors d’un voyage en Chine avec sa mère d’entreprendre un film dont l’action se situerait dans ce pays – et plus précisément dans la région méridionale du Sichuan.
Le cinéaste et scénariste a pensé d’emblée à Yolande Moreau pour incarner l’héroïne et dit qu’il n’aurait pas fait le film si elle avait refusé le rôle.
Yolande Moreau incarne Liliane, infirmière dans un hôpital du nord-ouest de la France.
Elle est mariée avec Richard (interprété par André Wilms – acteur fétiche du réalisateur Aki Kaurismaki). Le couple vit dans la routine.
Une nuit, Liliane apprend que leur fils, Christophe, vient de mourir accidentellement en Chine où il vivait depuis des années – et où ni elle ni son mari ne sont jamais allés lui rendre visite.
Accablée par des imbroglios administratifs pour faire revenir le corps de Christophe, Liliane décide de partir seule en Chine pour affronter la situation.
Le cinéaste nous invite à prendre part à son périple, dans un Shanghaï démesuré puis vers Langzong, ville ancienne du Sichuan où a vécu son fils.
En même temps que ce voyage physique au sein d’une nature luxuriante, Liliane entreprend un voyage intérieur pour « retrouver » son fils. Elle s’adresse d’ailleurs à lui en lui écrivant régulièrement dans un cahier.
En découvrant comment vivait son fils dans ce pays du bout du monde, Liliane rencontre ses amis, et Danje la femme qu’il aimait…
Liliane s’attache à cette terre, aux gens qu’elle rencontre et qui l’accueillent avec beaucoup de chaleur en l’associant à leurs fêtes et en la faisant participer aux rites mortuaires taoïstes, et elle finit par trouver en Chine une forme d’apaisement et de spiritualité.
Zoltan Mayer nous offre avec un Voyage en Chine un film sensible, souvent grave mais également drôle : Il nous fait partager la quête de son héroïne Liliane, et nous interroge sur le vrai sens du voyage et l’apport de la rencontre avec l’autre.
Pour cela, il a fait le choix d’une réalisation minimaliste qui privilégie les cadrages soignés et un travail sur le flou. Peu de plans, peu de mouvements de caméra. Les lumières indirectes et les faibles éclairages sont privilégiés. Les personnages ne sont pas toujours dans le plan, ils le traversent, on devine parfois leur présence en hors champ.
Ce minimalisme est renforcé par la musique du percussioniste Steve Shehan. En réalité, il y a peu de musique mais un important travail sur le son, lui aussi épuré. Le réalisateur et son musicien ont créé des « familles de sons » : des sons liquides (pluie, rivière), des sons cristallins (cloches, verres, grelots), des cris d’enfants, des chants d’oiseau qui scandent l’arrière-plan du film. Les chants d’oiseau sont comme une manifestation de Christophe, le fils disparu de Liliane.
Zoltan Mayer nous propose aussi de beaux portraits de personnages féminins.
Outre Yolande Moreau, le film met en scène une belle et lumineuse actrice chinoise : Qu Jing Jing qui joue Danje, l’amie de son fils Christophe.
Et la comédienne Ling Dong Fu, qui campe la facétieuse logeuse, actrice elle aussi venue du théâtre, est une sorte de double chinois de la belge Yolande Moreau.
On sort de ce Voyage en Chine le cœur léger et l’esprit zen.
Bonne projection !